masterchef 2015 la grande cuisine

Masterchef, ce n’était pas pour moi

Et oui #jesuisnormale
Par ce message, je ne dis pas que les autres sont anormaux. Loin de moi l’idée de juger qui que ce soit, je dis simplement que je ne suis pas atypique. Je ne suis ni ingénieur en aéronautique, ni une grande gueule, ni une jolie tahitienne… Je n’ai pas de jumelle, je ne suis pas la fille DE, ni la nièce de quelqu’un de la production, je n’ai pas de handicap, je n’ai ni piercing, ni tatouage, ni look original, je ne suis pas retraitée… Bref, je n’ai rien de spécial, juste une envie folle de cuisiner et de croire que je pouvais en faire quelque chose.

Bien sûr, je sais que Masterchef c’est de la télé (réalité) et qu’il faut faire de l’audience. Mais naïvement, je croyais qu’on était quand même jugé sur notre savoir-faire, nos idées, nos assiettes. Que nenni ! Tout ce qui compte c’est le show que vous allez faire à l’écran, la cuisine, on s’en fiche !

masterchef 2015 la grande cuisine

Bienvenue dans la Grande Cuisine Masterchef 2015 !

Tout a commencé par l’envie d’aider mon frère.
Depuis 4 ans, il est en fauteuil roulant et cherche à financer un véhicule adapté à la conduite en fauteuil afin de pouvoir continuer à travailler et à se déplacer avec sa famille plus facilement. Nous avons réuni la moitié de la somme, soit 40000€ mais le reste devient difficile.
Je ne suis pas mauvaise en cuisine et surtout j’adore ça, donc l’idée m’est venue de participer à des concours de cuisine afin de (peut être) réussir à financer le reste du véhicule. Après un rapide passage dans l’émission de France 2 Dans la Peau d’un Chef, je me suis inscrite à Masterchef. Le dossier passe, ils me rappellent vite et me convoquent à Paris pour une 1ère pré-sélection sur un plat froid qu’il faut apporter et dresser sur place (sympa à transporter…). Je décide de travailler sur une déclinaison de betteraves et mon assiette plait au gouteur qui me félicite des différentes textures et associations (là j’y crois, en plus, je le trouve bon moi aussi mon plat !), puis vient l’interview filmée qui se passe bien, je suis confiante et j’ai l’envie dévorante de me battre pour mon frère.

masterchef 2015 la grande cuisine

Quelques jours plus tard, je reçois un appel de la prod m’annonçant que je partais pour la Grande Cuisine. Vraiment heureuse et excitée, j’étais loin d’imaginer ce que j’allais vivre.

RDV à Marseille le 3 mars dernier en soirée. Cette fois, la prod paie l’hôtel (2 par chambre faut pas abuser non plus ^^). Encore une fois, il faut apporter un plat froid qu’on dressera sur place. Encore une fois, je me dis que c’est quand même bizarre cette sélection et que j’aimerai bien pouvoir cuisiner sur place pour montrer autre chose mais je pense que j’ai ma chance si on est peu de participants comme aux dernières émissions (une centaine). Je ne suis au courant de rien, les rumeurs courent qu’on est 300, répartis dans plusieurs hôtels, mais je reste encore optimiste. Le lendemain, on nous demande d’être prêts à 5h30 (bien tôt, alors que le bus ne quittera pas l’hôtel avant 6h45…) La prod nous motive, on nous dit qu’on vit une journée exceptionnelle, etc… Moi, je me concentre, je prépare mon plat mentalement. J’écoute les autres participants. Tout le monde est excité, tout le monde y croit.

Vers 7h30 on arrive au MuCEM, j’adore, l’endroit est vraiment chouette ! Il y a un podium pour les chefs et la présentatrice, et 3 groupes de 10 rangées de 10 places, ça se confirme, on est bien 300 ! et on apprend rapidement que 270 personnes partiront ce soir !!! Et là, le scénario commence : faut se ranger (j’ai l’impression de voir une armée romaine dans Astérix ^^), ne pas bouger, faire ce que le chef de plateau nous dit de faire, on pose et ramasse plusieurs fois notre glacière pour avancer, stopper, aller à notre place… Là on commence tous à comprendre qu’on nous fait jouer un rôle, cette foule, ça va faire le buzz (y’a même un drone pour nous filmer !)

Chacun se met à sa place, malgré le froid et le vent. Nous voilà partis pour une dizaine d’heures, debout, dans ces conditions. On nous avait dit qu’on aurait des tabourets, ils ont dû les oublier (ça a dû être sympa pour une des participantes enceinte de 6/7 mois). Le café devait être au rdv… je ne l’ai vu que vers 14h, c’était du jus de chaussettes (heureusement, une des filles de la prod a indiqué à ses collègues qu’elle en avait du meilleur pour eux à l’intérieur… visiblement les candidats, eux ne méritaient pas tant). On nous a quand même offert un peu d’eau chaude vers midi… oui juste de l’eau chaude, car il n’y avait qu’un sachet de thé pour 3 alors on n’en a pas tous eu (me revient à nouveau l’avant dernier film d’Astérix… un peu d’eau chaude mais point de nuage de lait pour nous ^^)

Après l’arrivée des 3 chefs et de leur goûteurs (10 par équipe), on nous lance le GO du dressage. Je me concentre sur mon plat (que je n’aime pas et qui n’a pas tenu pendant la nuit dans le camion frigorifique de la prod). La plupart des participants ont leurs ingrédients congelés (la prod nous a tout réquisitionné la veille pour mettre au frais… trop frais….). Mais comme je vous l’ai déjà dit, on verra vite qu’on s’en fiche de nos assiettes.

Je commence sérieusement à douter de ce que ça va donner, entre ce qui a congelé, le sable et les peluches de la table qui volent dans nos assiettes et aucune autre épreuve pour se départager, je me dis que tout ça ne rime à rien et qu’on est en train de vivre une véritable blague (très mauvaise). Puis les gouteurs passent, je suis dans la rangée 4 donc j’ai droit à ce qu’on goute mon plat (apparemment derrière ça ne valait plus la peine, les candidats n’y étaient que pour faire de la masse). Le chef Delpech vient voir ma voisine (son oreillette fonctionne bien, y’a déjà toute l’équipe de caméra et son qui est là), son plat est encensé ! Bien que joli, je n’ai pas trouvé que son plat était grandiose, bon mais sans exception… (avec du temps à ne rien faire, on en a tous profité pour goûter les plats les uns des autres).

Vers 14h, on a enfin le droit de quitter nos longues tables pour se réfugier sous une tente (celle qui était prévue pour les bagages), il fait tellement froid qu’on s’entasse dedans, c’est un peu comme une foire au bétail. Là on nous annonce qu’une partie d’entre nous va partir et qu’il y aura une nouvelle délibération du jury pour garder 30 participants. Une centaine de personnes va nous quitter, mon pote Michel (rang 8)  s’en va et je reste avec Gérard (rang 2). Tous les deux, nous y croyons encore un peu (c’est pas possible hein ?! bah si, je crois que quelque part, on doit encore un peu croire aux fées et au Père Noël Gérard et moi).

15h. On nous renvoie à nos places. Le vent a doublé, on en prend plein la tête. S’en suit une attente interminable, une parodie sans nom d’appel aux 30 élus. Evidemment, ils ne sortiront que des premiers rangs. Oh surprise, une blonde sort du 6ème rang, c’est étrange, je me souviens très bien d’elle dans le bus, elle affirmait haut et fort qu’elle ne savait absolument pas cuisiner et que ce sont ses clients qui l’ont inscrite à l’émission. Dans la vie, elle distribue des produits gastronomiques haut de gamme, elle nous raconte d’ailleurs qu’elle va « en mettre une à Gilles Goujon (Chef étoilé, jury de la saison) » car il n’a pas répondu à sa dernière proposition. Quand je lui demande qui sont ses clients, elle me répond « bah tous les chefs ici, entre autres »… Dans les 30, je reconnais quand même des gens « normaux » dont j’ai goûté les plats qui étaient vraiment bons… Iront-ils dans les 12 finalistes qui entreront à l’atelier ? Peut être. Je leur souhaite. Peut être faut-il un ou deux vrais cuisiniers dans l’histoire…

En y réfléchissant, on se rend compte que tout était calculé :
– on comprend pourquoi une centaine de personnes est remontée à Paris pour une sélection intermédiaire présenter un plat chaud (c’est là qu’on y choisit réellement les élus)
– on comprend aussi pourquoi à notre arrivée à Marseille la prod notait l’heure des trains de retour, le temps de route pour rentrer chez nous en voiture. Les premiers éliminés n’étaient pas les plus mauvais, non ils avaient juste un train plus tôt ou moins de 4h de route (et oui, ça fait de l’hôtel à payer en moins pour Shine Production). La seconde vague d’éliminés, ce sont des gens comme moi avec 2h de train ou de route, ils pouvaient nous garder tard… Et puis il reste pas mal de monde venant de très loin, dans tous les cas, ils allaient les loger et il fallait bien garder un peu de foule pour les caméras.

17h, la mascarade commence à prendre fin. Autour de moi, beaucoup de fatigue, de lassitude et de dégoût parfois. En face de moi, une femme me raconte qu’elle vient de Corse. Cela fait deux fois qu’elle vient à Marseille, paie son voyage, tout ça pour rien. Les gens ont posé des jours de congés, certains ont bossé dur pour être à la hauteur, d’autres avaient le rêve de changer de voie… Des gens sont venus de Suisse, de Belgique, de Guyane même… S’ils avaient su… Si nous avions su que nous ne serions que des figurants, non payés, abandonnés dans le froid, tout ça pour faire « grandiose » à la télé… je pense que nous serions tous restés chez nous.

Le seul point positif qu’on gardera tous, c’est les rencontres de gens passionnés, tous n’étaient pas là pour faire de la télé. Quant à moi, je retourne à mes projets, la télé, on va juste la regarder pour le moment… et surement une autre chaine que TF1 ^^

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15 petits mots

  • Stef L. dit :

    Moi qui aimait cette émission, comment dire…. je vais zappé !!!
    C’est vraiment moche ce qu’ils font et un vrai manque de respect pour vous
    En tout cas, moi je sais que tu es une fille magique et j’adore ton univers !!!
    TF1 c’est décidément un monde que je n’aime pas…

  • Seb P. dit :

    C’est consternant de voir leur bêtise. Il ne se sont pas douté a un seul moment que cette supercherie la était trop grosse pour que personne ne s’en aperçoivent ?

  • Jenna dit :

    tres jolie article qui retrace parfaitement notre périple à tous.
    Je me rappelle de toi.
    Jenna

  • Merci de ton article, j’ai passé le premier casting à Paris , on m’avait dit qu’on m’appelerai la semaine suivante, et 10 jours plus tard je reçois un mail pour me dire que l’aventure s’arrête là pour moi!!
    Aucun regret après ce que je vois dans ton article, un casting m’a suffit pour avoir un avis similaire !!!

  • eclectik girl dit :

    et bien … ce n’est pas du joli tout ça !
    On se doute que c’est bidonné, mais de le lire via ton témoignage, c’est autre chose.
    Je suis désolée pour toi, pour toute cette attente et ces tracas … mais continue de nous régaler de tes recettes sur ton blog ^^

  • Anne-Lore dit :

    Je n’aime ni TF1 ni cette émission ( je l’aurai peut- être regardé juste pour toi ) mais là, c’est vraiment abuser de la bonne foie des participants et de leur passion pour la cuisine.
    Ton article est vraiment très bien écrit, comme toujours.
    Biz

  • laurent 1033 dit :

    Coucou, c’est laurent candidat 1103 du bus rouge… que de souvenirs !!! mais maintenant on a plein d’amis cuistos !!! A+

  • nathalie dit :

    c’est plus que navrant..mais grâce à cela je connais votre site et me réjouis de partager avec vous vos recettes …

  • Jenn dit :

    Coucou,
    J’ai participé et je n’ai pas été qualifiée pour des raisons au final que l’on ignore car un gouteur et pas loin de six personnes de la production à chaque étape je trouve ça un peu gros pour des sélections !!!
    On peut échanger nos impressions par mail si ça vous dit.

  • Bonsoir,

    Je comprends la déception de certains candidats : celles et ceux qui se sont investis, y croient, dépensent de l’argent mais il s’agit de TV et donc d’audiences 8 Il faut des socio-types et ce n’est pas la prod qui le demande mais l’audimat donc vous et moi (enfin presque car ca m’énerve aussi).
    Les candidats savent bien qu’ils se présentent à un casting de TV avec beaucoup d’argent et de la notoriété à la clé, ils connaissent les enjeux et veulent gagner.
    Les conditions de tournage déplorables que vous décrivez, froid, manque d’infos, pas de nourriture ni d’assise possible sont avérées mais ils ont payé l’hôtel c’est dejà pas mal, personne n’a été forcé selon vos dires ?
    Pour un concours à l’autre bout de la France vous paierez également vos déplacements, vous aurez peut être des frais d’inscription…
    J’entends très votre déception et comprends mais je pondère car l’émission n’en n’est pas à ses débuts et l’on sait pertinemment que le critère qualité culinaire n’est pas majeur pour les premières selections.
    Oui dans toute émission de TV il y a un casting étudié pour faire un maximum d’audience. Ce ne sont pas forcément les meilleurs, mais ceux qui passent bien à l’écran, sont différents les uns des autres, ont des choses à raconter…Ils cumulent présence, talent, socio type…
    Et la cuisine dans tout ca ? C’est de la TV, le goût lui le télespecteteur n’y a pas encore droit :-)

    • Tali dit :

      Oui, on a tous conscience que c’est une émission de télé et que les profils sont importants, mais comme beaucoup je pensais que la cuisine était de la 1ère importance et là ce n’était pas vraiment le cas…
      Ensuite payer l’hôtel (à savoir 50€ par personne), ce n’est pas un grand geste par rapport à tout ce qu’on a dépensé : hôtel des premières sélections, transports, repas, ingrédients, temps, etc…
      Et dans le cas où je me déplace dans le cadre d’un VRAI concours, oui les frais sont à notre charge mais dans ces cas là on est jugé que sur nos compétences, pas sur notre tête et notre tchatche !
      Mon témoignage n’est pas celui d’une « révoltée », juste le reflet de ce qu’on a vécu (je ne parle pas de la météo, ils n’étaient pas responsables, mais ils auraient pu nous donner réellement le café -bon- et les tabourets promis et diminuer le temps de tournage au vu du vent…). Ce que la majorité d’entre nous reproche à la production c’est d’avoir déplacer autant de monde pour rien. L’honnêteté aurait été de dire aux candidats à l’avance : « vous serez 300, on en gardera que 30 puis 12, êtes vous intéressés ? » On aurait décidé avec de bonnes données…

      • Bonjour Tali,

        Je sais et c’est franchement nul de ne pas avoir pris soin des candidats qui se sont de se déplacés, ça n’est pas normal du tout. Cela reste une émission de TV qui a besoin de belles images avec plein de candidats pour la première de la nouvelle saison et qui vraisemblablement dans leur planning avaient déjà fait leurs choix. Les années précédentes certains avaient déjà abordé ce sujet des « sélections » en dénonçant un fait réel mais habituel dans les médias, la multi sélection : sociale + compétences (= potentiel d’audience)

        Bon courage :-)

  • Framboisine dit :

    Bonjour Tali, merci pour ce témoignage si bien rédigé (et cette aventure mal digérée !). J’étais aussi de cette mascarade dans l’équipe jaune rang 9 et ni café ni eau chaude ne sont arrivés jusqu’à nous ! quand au reste, nous avons tous été bien abusé par TF1 !

  • THERASSE dit :

    bonjour

    Vous n’avez pas besoin de passer votre temps a dénigrer cette emission

    en qualité de telespectatrice je me suis appercu de la supercherie

    la plupart des candidats selectionnés n’ont aucune notion de la cuisine ….. un oeuf cuit dans de l’eau avec vinaigre de vin rouge…… la rigolade

    et parlons de la cuisse de poulet …..la candidate ne savais qu’en faire ….

    alors courage ,

    il ne faut pas non plus que la tele realité nous prenne pour des… tebés…

    SALUT
    (betes)

  • Christian dit :

    A vous les doux rêveurs .
    Oui les émissions de télé réalités sont bidonnées.Peut être pas complètement pour les premières saisons mais après c’est juste du business…
    Pour mémoire Loft Story 1 la prod avait fait un scénario et il avait choisi les candidats en fonction du scénario…
    Donc je pense que ce genre d’aventure se tente les 2 ou 3 premières saisons après il faut oublier.
    Maintenant pour la défense des chefs j’ai fait un rapide calcule si ils ne goutent qu’une cuillère à soupe a chaque plat.Une cuillère à soupe correspond a peut près à 15 grammes ce qui fait 15 grammes*300 candidats cela fait 4.5 Kg …
    Donc il fallait bien se douter que les chefs n’allait pas tout gouter ou alors ils ont un estomac en béton.
    Donc il fallait des gouteurs autre et je vous rappel que la cuisine comme tout art c’est une minorité qui décident de ce qui est beau ou bon pour les autres…Donc beaucoup d’appelés et peu d’élus.
    Maintenant les conditions dans lequel l’épreuve s’est passée là oui c’était pas normale ils ont vu trop grand et ils se sont plantés.
    De plus soyons honnête parfois rien qu’en regardant quelqu’un faire la cuisine on devine le gout du plat et on sait si cela va être raté ou pas …
    J’ai raté assez de concours dans ma vie pour savoir que même si on est très bon ce jour là il faut être le meilleur.
    Maintenant je ne suis ni quelqu’un de reçu pour faire masterchef,ni un chef ni un membre de la prod.
    Simplement un cuistot amateur pas trop mauvais d’après mon entourage mais je ne suis pas sûr qu’ils aient un avis objectif .

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